Voici le cas affligeant, d’une cliente du cabinet d’origine camerounaise, 24 ans, arrivée en France à l’âge de 5 ans, ses deux parents sont de nationalité française, mais l’administration refuse de lui reconnaître le titre de Français, à elle ainsi qu’à ses deux frères. C’est un cas assez complexe qui résulte de plusieurs années de procédures.
Ma cliente a été reconnue par son père qui est français avec un extrait de naissance comprenant des erreurs sur ses noms et prénoms. Sa mère a été naturalisée, l’année où elle entrait en France.
Ma cliente a suivi toute sa scolarité en France. Au moment de sa majorité, elle a sollicité son certificat de nationalité française, qui lui a été refusé, c’est à ce moment qu’elle s’est rendue compte que l’identité sous laquelle son père l’avait reconnue n’était pas conforme à sa véritable identité, sous laquelle elle avait été déclarée à sa naissance. Il s’en est suivi plusieurs années de procédures et de démarches pour établir une concordance entre l’acte de reconnaissance de son père français et son acte de naissance authentique.
Elle a donc sollicité, à nouveau un certificat de nationalité, qui lui a été refusé, et c’est devant le Tribunal de Grande instance de Bordeaux que nous contestons ce refus.
L’affaire est en cours et je ne manquerais pas de vous informer des suites.
Cependant il est important pour moi de vous peindre la vie de cette jeune femme: sans passeport, sans pièces d’identité, sans titre de séjour, sans nationalité.
Elle n’a pas de vie et ne peut rien faire:
–Passer le permis de conduire
– Obtenir une carte vitale
– Voyager : ni par avion, bateau, le train, ou franchir des frontières
– Prétendre aux droits sociaux
– Cotiser pour sa retraite
– Souscrire à des offres mobiles chez un opérateur téléphonique : tous ses
abonnements sont souscrits pour elle par des amis
– Avoir un compte banacire
– Se marier ou se pacser
– Trouver un emploi,
– Voter
– Créer une entreprise
– Récupérer des colis à la poste ou en point relais
– Accéder à certains lieux où la présentation d’une pièce d’identité est exigée
Et bien plus encore.
Voilà à quoi sa vie est réduite et le cabinet est profondément engagé à lui rétablir ses droits, ses droits de français.
Maître Fatou Babou