Une proposition de loi à l’épreuve des droits fondamentaux
Le 20 février 2025, le Sénat a adopté une proposition de loi visant à interdire les mariages entre des ressortissants français et des personnes étrangères en situation irrégulière. Ce vote, par 227 voix contre 110, soulève de sérieuses interrogations juridiques, notamment au regard des libertés fondamentales garanties par le droit français et européen.
I. Le contenu de la proposition de loi : encadrer le droit au mariage
Déposée par le sénateur centriste Stéphane Demilly, la proposition de loi entend lutter contre les mariages de complaisance, perçus comme un outil potentiel de régularisation abusive.
Le texte prévoit plusieurs dispositions majeures :
- L’obligation pour tout(e) étranger(ère) souhaitant se marier avec un(e) Français(e) de justifier de la régularité de son séjour ;
- La possibilité, pour l’officier d’état civil, de sursis à la célébration du mariage pendant deux mois, renouvelables ;
- Une inversion du silence du procureur : en l’absence de réponse de ce dernier, le mariage sera considéré comme refusé.
Ces mesures visent à renforcer les moyens de contrôle à disposition des mairies, dans un objectif affiché de protection contre la fraude.
II. Une actualité législative en résonance avec un contentieux
Ce débat parlementaire coïncide avec une actualité judiciaire notable : le maire de Béziers, Robert Ménard, a été convoqué devant le procureur de Montpellier en 2025 pour avoir refusé de célébrer un mariage entre une Française et un Algérien en situation irrégulière, en juillet 2023. Cette concomitance donne à la proposition de loi une résonance politique et symbolique forte, en écho aux tensions déjà présentes sur le terrain.
III. Le droit de se marier : une liberté constitutionnelle et européenne
Le mariage ne constitue pas uniquement un acte civil : il relève du noyau dur des droits fondamentaux.
Il est reconnu comme tel :
- par l’article 12 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) ;
- par l’article 16 de la Déclaration universelle des droits de l’homme ;
- par les articles 2 et 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, intégrés au bloc de constitutionnalité français.
Dans une décision de 2003, le Conseil constitutionnel a rappelé avec fermeté que la seule situation irrégulière d’un étranger ne peut suffire à justifier l’interdiction de se marier. En d’autres termes, restreindre ce droit pour des raisons administratives serait attentatoire à la liberté personnelle.
IV. Discrimination indirecte et insécurité juridique
Les défenseurs du texte invoquent la nécessité de fournir aux maires des outils de contrôle efficaces face aux mariages frauduleux. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a ainsi qualifié la mesure de « texte de bon sens ».
Cependant, les opposants à la loi pointent une discrimination indirecte. En conditionnant l’accès au mariage au statut administratif de l’un des conjoints, la mesure vise de fait certaines unions mixtes, créant une inégalité de traitement.
Or, le principe d’égalité devant la loi interdit toute distinction fondée sur la nationalité ou la situation administrative, sauf justification impérative et proportionnée.
Par ailleurs, il est rappelé que le mariage n’ouvre pas automatiquement droit à un titre de séjour, ce qui affaiblit l’argument selon lequel cette institution serait utilisée pour contourner la loi.
V. Une loi à haut risque constitutionnel
Face à ces risques, plusieurs juristes alertent sur la probable inconstitutionnalité du texte. Une saisine du Conseil constitutionnel apparaît envisageable.
Les critiques portent sur trois points majeurs :
- Atteinte à un droit fondamental (la liberté de se marier) ;
- Absence de nécessité et de proportionnalité de la mesure au regard de l’objectif poursuivi ;
- Fondement sur une présomption de fraude généralisée, contraire au principe d’individualisation des décisions administratives.
VI. Conclusion : une liberté en tension avec l’ordre public
Cette proposition de loi soulève une question de fond :
Peut-on restreindre une liberté fondamentale pour des raisons de contrôle migratoire ?
Est-il juridiquement acceptable de refuser un mariage au seul motif de l’irrégularité de séjour d’un des époux ?
La liberté de se marier figure parmi les droits les plus protégés en droit interne et international. Elle ne peut être subordonnée à la régularité d’un statut administratif sans risquer une censure constitutionnelle.
Le texte a été examiné par l’Assemblée nationale le 26 juin 2025.
L’avenir dira si le législateur parviendra à concilier les impératifs d’ordre public avec le respect des droits fondamentaux.

Sara BOUTIN – Juriste responsable du pôle conseil et du séjour, investissements, talents et nationalité
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